Union des Gaullistes de France (UGF)

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Association fondée en novembre 2009 et enregistrée à la Préfecture de Police de Paris. Objet: faire vivre les idées et l’œuvre du Général de Gaulle, chef de la France Libre et président de la République française. L'UGF est parrainée par des sénateurs, membres de l'amicale gaulliste du Sénat. L'UGF est placée sous le haut patronage de Monsieur Raymond Sasia (Ancien officier de sécurité du Général de Gaulle, inspecteur général honoraire de la Police nationale, commandeur de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, 1ère classe d'honneur de la Légion étrangère) et précédemment sous le haut patronage du Général d'Armée Albéric Vaillant† & du Général de corps d'Armée Jean Combette†


Hommage à Monsieur André BORD par Monsieur Alexandre WATTIN

Publié par Union des Gaullistes de France (UGF) sur 21 Mai 2013, 07:08am

 

Hommage à André Bord, ancien ministre et ancien président de la Commission Interministérielle de Coopération franco-allemande (1986 -2003)

Par Alexandre Wattin, ancien Chef de cabinet et ancien Conseiller extérieur de la CICFA

 

« L’homme de conviction et de courage dont les sociétés des deux pays ont besoin pour aller plus loin dans leurs contacts »

Jacques Chirac, le 27 juin 2000, Visite d’Etat en Allemagne- Discours devant les autorités allemandes.

Ce fut avec consternation et avec une immense tristesse qu’à mon retour d’un déplacement en Allemagne j’ai appris le décès brutal d’André Bord. Ayant eu le privilège d’avoir travaillé avec lui au cours de ma carrière, j’ai été en mesure d’apprécier ses qualités de cœur et d’esprit aussi j’ai voulu apporter un éclairage et un témoignage personnel sur l’homme et le rôle qu’il a joué dans la coopération franco-allemande comme président de la Commission interministérielle de coopération franco-allemande au Ministère des affaires étrangères.

Ce sera ma contribution à la connaissance d’un homme que j’ai servi durant cinq ans et qui m’a apporté une connaissance profonde de la vie politique, sportive, culturelle et associative.

J’ai été durant sa présidence l’un de ces plus proches collaborateurs et témoins de son engagement sans faille pour l’Alsace et la coopération bilatérale. La carrière d’André BORD est longue et atypique aussi je laisserais le soin aux innombrables personnalités et amis de témoigner de ses nombreux engagement multiples et variés comme le sport, la politique, les anciens combattants ou encore en faveur de l’Alsace.

Ayant été à la CICFA son dernier chef de cabinet je voudrais évoquer le rôle primordial qu’il a joué dans la réconciliation entre nos deux peuples et qui lui ont souvent valu de nombreuses inimitiés car là où de nombreux hauts fonctionnaires et spécialises autoproclamés n’arrivaient pas à faire avancer un dossier, son relationnel et sa parfaite maîtrise des dossiers lui ont très souvent permis de débloquer des situations inextricables.

 

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Un éclaireur de l’amitié franco-allemande et de l’Europe

 

Sa disparition m’amène à évoquer en quelques lignes le rôle incontournable qu’occupait, jusqu’en juillet 2003, dans la bonne marche de la coopération bilatérale, la Commission Interministérielle de Coopération France Allemagne dont  André Bord était le président avant sa mise en sommeil.

 

En effet la CICFA, et bien avant l’Office Franco Allemand pour la Jeunesse, fut la première Institution franco-allemande officiellement instituée par le Traité de l’Elysée.

 

L’Article 4 du chapitre I du Traité de l’Elysée a défini, en ces termes, le rôle de la Commission créée dans chaque pays :

 

« Dans chacun des deux pays, une commission interministérielle sera chargée de suivre les problèmes de la coopération..» (cf. le texte du traité).

 

Durant de très nombreuses années le rôle de la Commission a été relativement moindre. Ce n’est qu’à partir de 1986, ou André Bord a été nommé qu’elle a su prendre son véritable départ. Le lien direct et étroit tissé entre André Bord, et ses divers collègues Allemands a permis de mener de véritables actions communes et de soutenir des initiatives conjointes.

 

André Bord et ses homologues allemands, étaient invités à participer, comme membre de droit, aux Sommets franco-allemands où ils défendaient les intérêts de la société civile. Ils avaient en outre le privilège rare de clôturer le Conseil par une déclaration finale. Structure modeste en moyen mais néanmoins très efficace par l’engagement de tous les acteurs externes et internes. André Bord a su faire de la Commission la plaque tournante des relations entre les Cabinets ministériels et le monde de la société civile franco-allemande.

 

Pour des raisons évidentes d’organisation, de préparation, et par manques d’effectifs, des dossiers thématiques relevant de la diplomatie en sens propre du terme relevaient de la Direction Europe du Ministère des affaires étrangères avec laquelle la CICFA entretenait d’excellentes relations. Cette séparation de responsabilités a permis à la Commission d’agir dans un cadre très large de coordination qui fait aujourd’hui cruellement défaut.

 

André Bord a toujours su s’adapter la CICFA à l’évolution des relations bilatérales. Dans son rôle interministériel, André Bord réunissait les hauts fonctionnaires chargés de suivre les affaires franco-allemandes des différents départements ministériels qui travaillaient en étroite collaboration avec la CICFA. Ces réunions informelles réunissaient à cette occasion les responsables désignés sur des thèmes relatifs aux problèmes des deux pays. Deux réunions annuelles étaient prévues et consacrées à l’étude de la coopération dans les divers domaines bilatéraux.

 

Les relations privilégiées qu'entretenaient André Bord et moi même, avec l'ensemble de la société civile et les administrations et personnalités allemandes permettaient à la CICFA de jouer un rôle discret mais indispensable dans l’intensification des relations entre la France et l’Allemagne.

 

Ses missions se définissaient ainsi :

 

* Jouer un rôle d’observateur de la situation intérieure de l’Allemagne sur l’état de la relation franco-allemande ;

* Servir d’interface entre les pouvoirs publics d’une part, les collectivités territoriales et les associations impliquées dans des activités de coopération avec leurs homologues allemandes ;

* Entretenir le dialogue avec les responsables allemands et français par des contacts et des entretiens informels ;

* prendre la température des relations bilatérale en animant une réflexion sur la relation franco-allemande

 

* Organiser des réunions sectorielles pour évoquer les sujets de la coopération franco-allemande d’actualités

* propose le cas échéant la mise en œuvre d’actions et de mesures nouvelles pour renforcer cette coopération qu’elle qu’en soit le domaine

Participer aux commémorations et intervenir au sein des associations pour leur venir en aide.

Travailler en étroite coopération avec l’OFAJ et les autres grandes institutions franco-allemandes

 

Enfin : Rédiger le rapport destiné au Président de la République, au Premier Ministre dans lequel il fait état de son analyse de la situation politique, économique, culturelle et sociale en Allemagne, telle qu’il l’a percevait au cours de ses déplacements et à l’occasion de ses nombreuses rencontres avec ses différents interlocuteurs.

 

La pertinence des analyses d’André Bord et le travail fourni par son cabinet ont conduit le Président Chirac et le Chancelier Schröder à lui faire jouer un rôle complémentaire au service des nombreux acteurs de la coopération civile. Ainsi André Bord et moi-même nous rendions régulièrement en Allemagne où nous rencontrions des représentants des milieux politiques, parlementaires, économiques ; culturels et associatifs.

 

A l’occasion des Sommets franco-allemands de Potsdam (novembre 1998) et de Toulouse (mai 1999), le Président de la République et le Chancelier avaient mis l’accent sur l’importance de l’implication de la société civile dans le développement de la coopération bilatérale et des relations entre les deux pays et ont orienté la mission des deux coordinateurs vers un rôle de mobilisation et d’encouragement des sociétés civiles des deux pays, notamment les milieux associatifs et les collectivités locales à travers les jumelages, et de relais entre celles-ci et les pouvoirs publics. Dans le cadre de cette nouvelle mission, de nombreuses initiatives avaient été prises  par André Bord :

 

* l’adoption de mesures destinées à mieux prendre en compte en France la spécificité allemande ;

* le renouvellement des formules d’échanges entre les deux sociétés ;

* l’ouverture à une dimension européenne, voire internationale, de la coopération  franco-allemande, sans pour autant banaliser les échanges bilatéraux ;

 

L’établissement de nouvelles solidarités franco-allemandes dans le domaine de la communication avaient également permis de confier à André Bord et à son pendant Allemand, la responsabilité éditoriale et le suivi du site Internet « réseau franco-allemand » inauguré lors du Sommet de Toulouse.

 

Mais confronté à un certain nombre de problèmes techniques et administratifs ce site n’a pu être opérationnel qu’à compter de 2003.

 

André Bord a par ailleurs contribué à l’organisation et participé à d’innombrables réunions de travail, de colloques d’experts, de conférences et de manifestations dans des domaines aussi variés que ceux de la culture, de l’éducation, de la promotion du français en Allemagne et de l’allemand en France, du sport, des échanges de jeunes, de la santé, de la défense, de la politique sociale, fiscale, commerciale et de l’emploi, du devoir de mémoire, etc.

 

Nous entretenions d'excellents rapports avec le bureau, de la regrettée, Brigitte Sauzay[i] conseillère pour les affaires franco-allemandes auprès du Chancelier Schröder, notre Ambassade à Berlin et tous les postes consulaires en Allemagne.

 

Une place particulière occupait les relations très amicales avec le Ministre plénipotentiaire allemand en charge de la culture ainsi qu’avec les services de l’ambassade d’Allemagne à Paris.

 

Cet ensemble de mesures permettaient, par un réseau très dense basé sur un vieux relationnel, de remplir le rôle qui lui est dévolu au sein des structures intervenant dans la coopération franco-allemande Par sa participation à des manifestations d’amitié franco-allemandes, par sa présence active sur le terrain elles furent très utiles et fort appréciées. C'est le champ d’intervention privilégié de la commission, s’investir très largement, à travers toutes les régions de France, en direction de la société civile franco-allemandes, afin d’être à l’écoute de leurs projets et de leurs besoins. Cette ouverture permettait d’étendre les activités de contacts, pour les élargir au niveau national dans les deux pays afin de donner encore plus de poids.

 

Chronique d’une mort annoncée

 

Malgré ces actions rondement menées et le remarquable travail fourni par le président Bord. Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont décidé de créer une supra structure binationale et au lendemain du 40ème anniversaire du traité de l’Elysée les deux ministres des Affaires européennes d’alors, Hans Martin Bury[ii] et Noëlle Lenoir[iii] devinrent les deux premiers secrétaires généraux en charge de la coopération franco-allemande.

 

Officiellement et depuis 2003 le ministre en charge des affaires européennes est également président de la CICFA (afin de ne pas toucher au Traité de l’Elysée) mais aucune des missions et des actions menées par André Bord et son équipe n’a été curieusement reprise et depuis cette date la société civile n’avait plus cette courroie de transmission franco-allemande qui permettait même au plus modeste de présenter ces doléances franco-allemandes.

 

Pour conclure

 

L’enseignement majeur à tirer des actions menées par André Bord, reste que la coopération était suffisamment souple pour s’adapter aux nouvelles circonstances, aux nouvelles priorités des relations franco-allemandes, et que les difficultés, une fois cernées, pouvaient devenir une source d’énergie pour rebondir et mieux les affronter. Le fait d’y associer tous les acteurs de la société franco-allemande était le garant d’une veille attentive et de critiques constructives qui intéressaient l’ensemble des individus.

 

Que l’entente se dégrade, que les retards s’accumulent, on faisait appel à André Bord en toute discrétion et un sursaut de volontarisme des Gouvernants – dans l’intérêt de leur pays ou par conviction personnelle – permettaient à un nouvel élan de s’imprimer, pour poursuivre l’œuvre du rapprochement entre les deux pays, ou faire avancer l’intégration européenne lorsque celle-ci s’approchait de la stagnation.

 

L’entente entre nos deux pays est une création continue. Les acquis dû à l’infatigable travail d’André Bord se doit d’être consolidé dans une Europe en crise et vivant dans le doute. Pour remplir cette mission il faut des hommes comme André Bord, qui conjuguent conviction et enthousiasme et qui ont tout au long de leur vie préparé chaque jour l’avenir de la France et de l’Allemagne en Europe.

 

Qu’il me soit enfin permis de saluer et de m’incliner devant cet acteur majeur de la coopération franco-allemande. Lequel est le digne héritier de cette lignée de gaullistes historiques s’étant résolument engagé dans le rapprochement de nos deux peuples.

 

L’amitié franco-allemande lui doit énormément.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[i] Brigitte Sauzay,

Née à Toulon le 25 novembre 1947 et décédée le 11 novembre 2003, fut interprète d'allemand auprès de trois présidents de la république française : Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. En 1993, elle fonde avec Rudolf von Thadden l'« Institut de Berlin-Brandebourg pour la coopération franco-allemande en Europe », devenu aujourd'hui la Fondation Genshagen. En 1998, elle est nommée conseillère du chancelier Gerhard Schröder pour les relations franco-allemandes.

 

[ii] Hans Martin Bury

Né le 5 avril 1966 à Bietigheim est un homme politique allemand. Il était, de 1999 à 2002 ministre d'État à la Chancellerie fédérale, et de 2002 à 2005, Ministre d'État pour l'Europe au ministère des Affaires étrangères

[iii] Noëlle Lenoir

Née le 27 avril 1948 à Neuilly-sur-Seine, est une femme politique française. Elle a été la première femme membre du Conseil constitutionnel (de mars 1992 à mars 2001). Elle a par la suite été ministre déléguée aux Affaires européennes du 17 juin 2002 au 29 mars 2004.

 

 

 

 

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